#SiraKura : à quand la régulation de la presse en ligne au Mali ?
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#SiraKura : à quand la régulation de la presse en ligne au Mali ?

Il règne une véritable anarchie dans la presse en ligne au Mali. Les dérives se multiplient dans le traitement de l’information sur la toile. Il urge, donc, pour les autorités de régulation de remettre de l’ordre dans ce secteur, le plus tôt possible.

Avec la démocratisation d’internet au Mali, nous avons assisté à la floraison de journaux en ligne et de chaînes et pages Facebook dans l’information des populations, qui ne respectent pas les règles déontologiques du métier.

Avec des directs et des émissions à travers des chaînes Facebook, ils animent la toile jours et nuits. Les professionnels du secteur ont exprimé leur inquiétude.

A l’ère du numérique, comment expliquer une absence de loi dans ce secteur ? Un journaliste indépendant témoigne avec colère : « Nous avons plusieurs fois interpelé la Haute autorité de la communication (HAC) sur cette question. La loi sur la cybercriminalité ne couvre pas le web-journalisme. Il nous faut une loi et son application correcte ».

Dilettantisme dans un secteur sensible

Un responsable de la HAC nous a assurés que son organe est tout à fait conscient du défi de la régulation des médias en ligne et que des travaux sont en cours depuis 2019. Il lie le blocage aux changements de régime et à l’instabilité politique.

L’immixtion de ces opérateurs des réseaux sociaux et la création tous azimuts de médias en ligne sans autorisation préalable est, quelque part, le corolaire du laisser-aller global dans le secteur de la presse au Mali.

Diomansi Bomboté, enseignant en journalisme, pose le problème autrement : « Il faut exiger des conditions de véritables entreprises de presse au Mali pour éviter la précarité des journalistes, qui est la porte ouverte à toutes les tentations et au laisser-aller ».

Une loi à tout prix

Depuis plusieurs années, l’Association des professionnels de la presse en ligne (Appel-Mali) essaie tant bien que mal d’encourager à l’auto-régulation et sensibilise les acteurs à travers des ateliers. Nous ne constatons tout de même pas une amélioration.

Des détenteurs de pages ou de chaines Facebook, couramment appelés « videomans », très souvent à la solde d’acteurs politiques ou d’une personnalité célèbre véhiculent des informations sans sources, relayées très rapidement et souvent mêmes par des médias professionnels. C’est pourquoi les Assises nationales de la refondation (ANR) ont recommandé de « règlementer les médias sur les réseaux sociaux ».

Ce qui est encore plus inquiétant, c’est de voir qu’ils sont invités à des cérémonies officielles, alors qu’ils n’ont aucune structure légale et aucun statut professionnel. Un membre fondateur d’Appel-Mali avance : « Il n’y a que les sanctions qui peuvent freiner ce désordre. Il faut, à tout prix, mettre à jour la loi qui règlemente la presse, en y insérant le chapitre de la presse en ligne ».

Dans un Mali toujours instable, parmi les guerres à gagner figure celle de faire respecter les règles déontologiques du journalisme à travers des sensibilisations et des sanctions. Ceci nécessite impérativement une loi portant régime juridique de la presse en ligne.

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