Tiekoro Dabo, la trentaine, professeur d’allemand, a marché 500 kilomètres pour réclamer la réhabilitation de l’école de son village. Le natif de Lahandy, à son arrivée à Bamako, a remis au ministère de l’Education une lettre contenant ses doléances.
Lahandy est un village situé dans le cercle de Bafoulabé (région de Kayes). Le jeune Tièkoro Dabo a réussi la prouesse de marcher de Lahandy jusqu’à Bamako pour plaider la cause des enfants de son village. C’est dans ce village qu’il a fait ses premiers pas au primaire, avant de poursuivre le second cycle à Bafoulabé.
L’école de Lahandy a été construite en 1981 par les communautés villageoises de la localité. Uniquement en terre, elle est composée de six classes. Mais, aujourd’hui, l’école ressemble plutôt à une tanière. Les images, ayant fait le tour des réseaux sociaux, montrent une école quasi-inexistante.
12 jours de marche
Face à l’état de délabrement de l’école dans laquelle il a appris à lire et écrire, Tièkoro Dabo a quitté son village natal à pied, le 18 septembre, pour rallier Bamako, le 30 septembre dernier. Il a fallu 12 jours pour qu’il puisse parcourir les 500 kilomètres qui sépare son village de Bamako.
« En posant cet acte, j’espère que les autorités seront sensibles et accéderont à ma demande afin de sauver l’école de Lahandy et ses milliers d’enfants », a lancé le jeune enseignant, avant d’entreprendre son périple.
Chemin parsemé d’embuches
Manque d’équipements, conditions difficiles de travail des enseignants sont, entre autres, les raisons qui l’ont poussé à entreprendre cette marche titanesque. Chaque fois que le jeune Dabo arrive dans un village, il est accueilli en héros. Cependant, il n’a reçu aucun financement pour cette action : « Personne ne m’a financé pour faire cette marche. Mais certains habitants des villages que j’ai traversés me donnent souvent de l’eau. Chaque fois que je suis épuisé, je me repose quelques minutes pour continuer ensuite », confie-t-il.
Sur son chemin ni la pluie, ni la chaleur, encore moins le soleil ne l’ont découragé.
Sur les traces de Bakabigny
Le jeune Dabo s’est inspiré d’un ex-marcheur, Bakabigny, qui a réussi trois fois (2004, 2005 et 2006) cette aventure et obtenu gain de cause. Ce dernier, à l’époque, a pu obtenir à l’issue des trois marches la construction d’une école fondamentale de neuf salles de classe, une maternité rurale et une bibliothèque d’une capacité d’environ 1000 livres.
« Cette action interpelle ceux qui gèrent l’éducation au Mali, déclare Bakabigny, dont les conseils ont contribué à renforcer la détermination de Tièkoro. On doit donner à tous les enfants du Mali la même chance, celle d’aller à l’école. Dabo a suivi mes conseils. J’espère qu’il aura gain de cause, que ses conseils. »
Ce projet, Dabo l’a muri pendant longtemps, cherchant d’abord des financements locaux, en à croire son collègue Amadou Boré : « Son engagement ne me surprend point. Il s’est battu d’abord au niveau local sans succès, avant d’entreprendre ce périple. Il en parlait tout le temps ».
Dans un élan de solidarité, les ressortissants du cercle de Bafoulabé se sont mobilisés pour accueillir le jeune enseignant à la place de la liberté, à Bamako.
Au moment où Tièkoro Dabo arrive à Bamako pour remettre sa demande aux autorités chargées de l’éducation, au moins 900 écoles restent fermées dans le centre et le nord du pays à cause de l’insécurité.