Vaccination contre la Covid-19 : le Mali peut mieux faire
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Vaccination contre la Covid-19 : le Mali peut mieux faire

La campagne de vaccination contre la Covid-19 avance sans doute au Mali. Mais les obstacles ne manquent pas.

Cet article a d’abord été publié par le site d’informations Lejalon.com.

Le faible taux de vaccination contre la Covid-19 était une des raisons du déplacement de l’envoyé spécial de l’Union africaine (UA) pour la création de l’Agence des médicaments, Michel Sidibé, le 5 juillet dernier, en République démocratique du Congo. Reçu par le président congolais, Félix Tshisekedi, l’ancien ministre malien de la Santé a laissé entendre que les populations africaines sont les moins vaccinées contre la pandémie de Covid-19 dans le monde, avec à peine dix millions de vaccinés sur une population d’un milliard trois cents millions, sans compter les faibles dotations des budgets des gouvernements africains dans le secteur de la santé.

Le Mali ne fait pas exception. La campagne y a été lancée le 31 mars 2021, à l’hôpital du Point G par Fanta Siby, alors ministre de la Santé et du Développement social. D’abord centralisée dans la capitale, notamment dans les hôpitaux, les Centres de santé référence et les CSCOM du district, aujourd’hui le vaccin est disponible dans la quasi-totalité des cercles et communes du Mali, à l’exception de Kidal (Du moins si l’on se réfère au résultat J95 de la campagne de vaccination en cours communiqué par le ministère de la Santé au Jalon).

Selon ce résultat, 147 869 personnes sont vaccinées pour la première dose et 53428 personnes pour la seconde dose. C’est d’ailleurs dans ce cadre le ministre de la Santé et du Développement social, Diéminatou Sangaré, dans un communiqué daté du 27 juin 2021, informait l’opinion publique que « la Campagne de vaccination contre la maladie à coronavirus, lancée le 31 mars 2021 à Bamako, se poursuit sur toute l’étendue du territoire national. Après les régions de Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou, Gao et le District de Bamako, il est attendu le démarrage de la vaccination dans les régions de Mopti, Tombouctou et Kidal ».

Les FDS mobilisées

Pour ce faire, le département a procédé à la mobilisation du « personnel de santé des Forces armées et de sécurité pour appuyer les différentes équipes de vaccination sur l’ensemble du territoire ». Au regard des résultats affichés sur le tableau, il convient de dire que les gens ne se bousculent pas du tout aux portes. Au centre Boniaba de Niaréla, le 9 juillet 2021, l’équipe attendait désespérément. Selon la chef d‘équipe du jour, les gens sont entre psychose et hésitation. D’une part, la crainte de la maladie et, d’autre part, le peu de confiance au vaccin en raison des rumeurs sur d’éventuels effets secondaires.

« Même les femmes qui arrivent pour leur vaccination de routine (polio, tétanos, rougeole) nous demandent, nous a confié la chef d’équipe. Beaucoup ont en tête que le vaccin rend stérile. Nous tentons de rassurer les uns et les autres avec nos arguments. Il y en a même qui arrivent pour leur seconde dose, une fois sur place, ils commencent à hésiter. »

Au Centre de santé de référence du Quartier-Mali, l’équipe était également là à notre passage en attente de candidats au vaccin. « Il y a très peu de volontaires, on a l’impression que l’engouement des gens diminue au fil du temps. Ceux qui viennent sont des voyageurs, des personnes âgées, des personnes vivant avec comorbidité », ajoute une infirmière.

Le vaccin n’est pas la priorité des Maliens

Pour le moment, il faut dire que les Maliens, dans leur majorité, ne font pas de la vaccination une priorité. Pour Youssouf Togola, vulcanisateur au quartier Banconi, « le coronavirus, tel que décrit par les médias, n’a jamais existé. Quant aux multiples formes de rhume, nous en sommes habitués au Mali et cela ne saurait être une pandémie mortelle pour nous. »

Alors que l’Europe est dans le tourbillon d’une quatrième vague de Covid-19, avec le variant Delta, la tendance semble à la baisse au Mali, avec seulement 10 nouveaux cas le 13 juillet 2021, sur 743 échantillons testés. Pour autant, doit-on baisser les bras ? Au ministère de la Santé, l’on se veut rassurant à l’issue de la première campagne qui s’est achevée. Des dispositions sont en train d’être prises pour renforcer les imperfections constatées, nous a-t-on confié. Elles vont de l’organisation d’ateliers à des campagnes de sensibilisation contre les rumeurs à l’endroit du public, selon notre source. « Au regard de ce qui s’ensuit, au ministère de la Santé, l’on ne saurait parler d’autosatisfaction, parce que le pays a été obligé de rétrocéder une partie de ses doses à Covax dans la crainte de les voir périmer faute de pouvoir les utiliser, a déploré une responsable au ministère de la Santé et du Développement social. »

Assurances de l’OMS

En tout état de cause, sur la qualité des vaccins, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) rassure : « Les vaccins font l’objet de tests complets avant d’être importés dans un pays. Des médecins, scientifiques experts suivent des protocoles internationaux stricts pour rendre ou non un vaccin disponible au public ». Toutefois, à l’instar de tout autre médicament, les vaccins peuvent entraîner des effets secondaires qui sont généralement mineurs et temporaires. Les cas d’effets secondaires plus sérieux sont extrêmement rares, selon l’OMS.

Il faut noter, selon des avis d’experts, que des évolutions sont en train d’être enregistrées sur la connaissance du vaccin en usage. Au lieu d’un mois d’intervalle entre les doses, on peut désormais aller jusqu’à 12 semaines, selon les spécialistes. Plus l’intervalle entre les doses est grand, mieux le vaccin est efficace, nous a édifié un responsable du ministère de la Santé.


« Cet article est publié avec le soutien de JDH – Journalistes pour les Droits Humains et Affaires Mondiales Canada »

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