Bélédougou : les épouses de migrants contraintes de s’abstenir
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Bélédougou : les épouses de migrants contraintes de s’abstenir

À Bélédougoudans la région de Koulikoro, la longue absence des migrants contraint leurs épouses à l’abstinence. 

Le Bélédougou, situé dans la région de Koulikoro, est anciennement connu comme un terroir pourvoyeur de migrants. Cette migratiopermet un épanouissement social et économiquePresque dans chaque famille, on dénombre deux ou trois jeunes à l’extérieur. La plupart se marient avant de tenter l’aventure en décidant d’aller à l’étranger. Certains peuvent durer six ou sept ans sans revenir. 

Beaucoup laissent leurs épouses au villagauprès de leurs parents. Ces dernières font souvent l’objet de surveillance pointue et sont réduites à faire la vaisselle et autres ménages pour leurs bellesmères dans un climat de jalousie constant.  

Sortir du silence 

Celles dont les maris sont sur place bénéficient d’un régime sexuel régulier. Et ne se privent pas de partager les récits érotiques, lorsqu’elles sont entre femmes. Ce qui est parfois vécu comme une épreuve des nerfs. Souvent les femmes des migrants sont critiquées pour leur aptitude à supporter la chasteté. 

C’est dans cette situation d’abstinence que vivent ces femmes, méconnaissant les techniques de masturbation féminine. Beaucoup essayent de sortir du silence mais la pesanteur socioculturelle est un frein. « Cela fait plus de quatre ans que mon époux est parti. Nous communiquons rarement au téléphone. Ce sont ses frères qui lui donnent mes nouvelles. Je n’ai pas suffisamment de temps pour lui faire part de mon manque d’intimité que je ne supporte plus. Pour cela, je compte le rejoindre mais mbelle-famille s’oppose. J’ai pourtant aussi des envies», confie Youmaépouse de migrant. 

Manque d’intimité 

Dans ce milieu, les femmes sont contraintes de rester dans le foyer marital et de cacher autant que possible leur manque d’intimité. Beaucoup se conforment à ce statut pour préserver leur dignité. « Depuis la naissance de notre garçon, âgé aujourd’hui de cinq ans, je n’ai plus eu de rapports intimes avec mon époux. Mon corps le réclame. Je compte le rejoindre même si c’est contre son gré. Car je ne veux pas commettre l’adultère », ajoute Hajara. 

Le sujet est préoccupant, mais n’a jamais fait l’objet de débat public. Même les prêches qu’organisent certains responsables religieux locaux n’en parlent pas. Les prêches se focalisent plutôt sur la subordination religieuse que la femme doit à son mari. Par ailleurs, elles ont peur d’aborder cette question avec les marabouts pour ne pas être perçues comme étant de mœurs légères. À terme, l’angoisse et la chasteté obligatoire ne pourront pas longtemps maintenir ces femmes dans le silence victimaire qu’engendre le poids de la tradition combiné à celui de l’islam. 

Un besoin fondamental 

Le sexe est un besoin fondamental de l’être humain. Il permet l’équilibre physique et psychologique. Le manque d’intimité peut être à l’origine de nombreuses maladies. Ces femmes doivent défoncer les verrous du silence pour permettre un vrai dialogue autour de la sexualité et dénoncer le manque d’intimité dont elles souffrent.  

L’État ainsi que les ONG œuvrant dans l’amélioration du statut de la femme doivent étendre leurs actions au Bélédougou, et sensibiliser les femmes sur cette question. Ainsi, les femmes pourront être remis dans leurs droits en obligeant peutêtre désormais les époux qui souhaitent voyager pour une longue durée d’avoir l’accord préalable de son épouse. Mais, à long terme, il faudrait des alternatives pour fixer les hommes et leur permettre de s’épanouir localement. 


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