La décision des hautes autorités de maintenir les élections législatives, prévues ce dimanche 29 mars, opposent deux camps : celui du report et celui du maintien. Selon Mohamed Ag Assory, blogueur et analyste politique, les impératifs sanitaires publics et les impératifs démocratiques s’opposent.
Pour la première tendance, ces élections favoriseraient la propagation de la pandémie par d’éventuelles nouvelles contaminations le jour du vote. Impossible d’organiser le scrutin sans attroupements, aussi bien dans les centres où électeurs et personnels électoraux seront exposés que dans les alentours et dans les moyens de transport. Car beaucoup de candidats et de partis politiques assurent, à titre d’incitation pour « capter » le vote, les déplacements des électeurs.
Selon ce camp opposé au maintien, il serait très dangereux voire suicidaire de tenir ces élections dans un contexte de confirmation de nouveaux cas positifs. Ce pôle est conduit généralement par des activistes de la société civile, certains leaders d’opinion et des micro-partis qui ont un poids un rien insignifiant sur la scène politique. Des hommes politiques, bien que se disant favorable au report, ont pourtant maintenu leurs candidatures ou celles de leurs partis.
Pour le second camp, celui du maintien, les législatives peuvent bel et bien se tenir si les consignes sanitaires sont scrupuleusement respectées et les moyens hygiéniques nécessaires déployés. Cette aile est animée par le gouvernement, des partis politiques toutes tendances confondues (majorité et opposition). Le premier leitmotiv affiché repose sur les multiples reports des élections et les recommandations du Dialogue national inclusif (DNI).
Qui va rembourser… ?
En filigrane, on peut aisément déduire que le gouvernement ne voudrait pas jeter à l’eau les colossaux moyens financiers déjà engagés : on est dans l’ordre de plusieurs dizaines de milliards de nos francs ( achat du matériel électoral, formation, logistique, sécurité, etc.). Pour les partis politiques, les enjeux sont également financiers. Qui va rembourser les milliards déjà dépensés par les candidats et les formations politiques dans leurs quêtes de fauteuil à l’hémicycle ? La question est encore cruciale lorsqu’on prend en compte le fait que les dépenses électorales, plus souvent informelles, ne sont pas contrôlées et dépassent largement le seuil autorisé.
A ce jour, aucune entente ou rapprochement ne semble possible, tant les positions sont opposées entre les deux camps : les impératifs de santé publique contre les impératifs démocratiques ou intérêts purement politiques !
La possibilité d’élections partielles
La tenue des élections municipales en France n’ont pas eu d’effets quantifiables sur l’explosion de nouvelles contaminations. Pourtant, plusieurs assesseurs, présidents de bureau de vote affirment y avoir été contaminés.
Pour revenir au cas malien, on pourrait couper la poire en deux : on peut par exemple voir la possibilité d’élections partielles, c’est-à-dire tenir les élections dans les localités qui ne sont pas encore touchées et les reporter dans la capitale.
Dans le cas où elles seront maintenues, il faudrait sérieusement prendre les mesures strictes pour encadrer le déroulement du vote : espacements entre électeurs; disponibilité des kits de protection dans les centres et bureaux de vote; réduire l’usage par plusieurs personnes des mêmes instruments; doter chaque électeur et personnel électoral d’équipements; etc.
Ainqi, le front du maintien avance tête baissée en ignorant les appels au report. Tout porte à croire que les élections se tiendront comme prévu. Mais le Covid-19 aura certainement son mot à dire d’ici là : il a déjà mis le monde civilisé à son rythme en annulant bien d’événements !