Bamako : calme et incertitudes après la démission d’Ibrahim Boubacar Keïta
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Bamako : calme et incertitudes après la démission d’Ibrahim Boubacar Keïta

Bamako la capitale malienne, s’est réveillée dans l’accalmie ce 19 août 2020. Après les agitations et le coup d’État militaire orchestré par le Comité national pour le salut du peuple (CNPS), des interrogations demeurent quant à l’issue des événements.

L’instabilité sécuritaire, l’ébullition du front social à travers les multiples grèves et la contestation des résultats des élections législatives de 2020 avaient contribué à installer le Mali au milieu d’une crise sociopolitique. Depuis juin dernier, les manifestations se sont multipliées contre le pouvoir d’Ibrahim Boubacar Keïta, de plus en plus fragilisé dans un contexte de polarisation politique. Et les évènements se sont accélérés ce mardi 18 août 2020, qui a vu des militaires contraindre le président Keïta à la démission avec, cerise sur le gâteau, la dissolution de l’Assemblée nationale et celle du gouvernement restreint.

Au lendemain de ce qu’il est convenu d’appeler un « coup de force », la capitale Bamako était plutôt calme et silencieuse. Les habitants vaquaint à leurs occupations sans soucis. Même si les avis divergent sur ce renversement digne d’un feuilleton comique, tous se félicitent d’une chose : aucune goutte de sang n’a été versée. Du moins d’après ce qu’a annoncé dans une déclaration tard dans la journée du mercredi 19 août le Comité national pour le salut du peuple (CNSP).

Arrangement

Cependant beaucoup s’interrogent sur la suite des événements, sur ce que sera l’« après-IBK ». « Comme vous le voyez, je suis à mon lieu de travail et je pense que le meilleur est à venir. Je n’ai jamais imaginé qu’IBK quitterait le pouvoir aussi facilement, après son refus de dissoudre l’Assemblée nationale et la reconduction de Boubou Cissé», témoigne Amadou Coulibaly, habitant de Bamako que nous avons rencontré en plein centre-ville. Il ne s’attendait pas à un tel dénouement : « Avec ce coup d’État, ce sera difficile pour le pays qui traverse déjà des crises, de faire face aux sanctions de la communauté internationale. »

Toutefois, Amadou Coulibaly dit espérer que les mutins mettent le Mali au-dessus : « Ils agiront pour le bien-être du Mali. J’ai confiance en eux, car ils ont prouvé qu’ils sont dignes de confiance après avoir arrêté IBK sans faire couler de sang ».

« Ce coup d’État est venu au meilleur moment. La désobéissance civile allait faire encore plus de victimes si la situation avait persisté », pense une mère qui a préféré garder l’anonymat. Avant de supposer que c’est peut-être un arrangement entre les militaires, IBK et le  Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques ( M5-RFP ) pour éviter que le pays ne tombe dans « un chaos total ».

Céder le pouvoir aux civils

L’histoire politique récente du Mali fait douter plusieurs personnes quant à la finalité du putsch. Ousmane est de ceux-là. Le jeune homme ne cache pas sa crainte : « Le retard dans lequel le putsch de 2012 nous a mis devait être une leçon. Hélas, les Maliens oublient vite », s’indigne-t-il. Selon lui, acclamer un coup d’État, même contre le « pire des présidents du Mali », est une « régression ».

Comme il fallait s’y attendre, le coup d’État a été condamné par la communauté internationale. Des organisations nationales et une partie de l’opinion ont fait de même, demandant le retour rapide à l’ordre constitutionnel. Mais le sentiment qui domine à Bamako, c’est un grand « soulagement », comme me l’ont confié des personnes avec lesquelles j’ai échangé. Elles sont confiantes que les nouvelles autorités cèderont le pouvoir dans les « meilleurs délais » comme promis.

Espérons que les militaires passent le plus tôt possible le pouvoir aux civils et que des élections soient organisées dans un bref délai. Il convient également de préciser que les décisions qui seront prises dans les heures et les semaines qui suivront seront déterminantes pour l’avenir du Mali. Que chacun mette de côté sa coloration politique. En mettant sur table des propositions concrètes et objectives pour jeter les bases d’un nouveau Mali


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