Perçus comme un fléau pour l’environnement, les déchets plastiques aiguisent de plus en plus les appétits des entreprises de collecte et de recyclage qui peinent à faire face à la forte demande.
« Chaque fois que je vois des déchets, je vois de la richesse. » Lamine Dembélé sait très bien de quoi il parle. Il opère dans ce secteur depuis près de 18 ans. Son entreprise, Macrowaste, spécialisée dans la gestion de déchets compte parmi les plus dynamiques au Mali. Elle collecte plus de 300 tonnes de déchets par jour à Bamako, Koulikoro, Sikasso et Gao.
« Le plastique occupe une grande place dans notre société, et il n’est pas forcement nuisible. C’est une opportunité pour la jeunesse », explique le président directeur général de Macrowaste qui estime que l’offre de déchets recyclés est largement inférieure à la demande : « On n’arrive pas à satisfaire la demande des entreprises qui sont dans la transformation. »
La gestion des déchets, notamment le plastique, mobilise des ONG et entreprises comme SANUVA ou encore DGB Plastique SARL, qui interviennent dans la collecte, le recyclage et la transformation.
Oumar Maiga, est un artiste-designer qui fabrique des meubles, jouets et objets d’art à base de matière plastique récupérée. « Les autres voient des déchets mais l’artiste voit des opportunités, il réfléchit en art », soutient-il. Cet artiste fabrique des fauteuils, des chaises, des tables bancs à base de pneus usagés et vit de cette activité depuis plusieurs années. Toutefois, Oumar Maiga déplore le peu d’attrait des populations maliennes pour ses œuvres et le désintérêt des autorités.
Volonté politique
Toutefois, la gestion des déchets nécessite une forte volonté politique. Pour Lamine Dembélé, le gouvernement doit rendre le secteur des déchets attrayant et faciliter l’obtention de financement pour promouvoir l’économie circulaire.
Selon Niarga Oulé Dembélé, chef de division assainissement à la Direction nationale de l’assainissement et du contrôle des pollutions et des nuisances (DNACPN), des initiatives sont en cours du côté de l’Etat. « Nous avons élaboré la politique nationale d’assainissement en 2009, la validation technique est faite, nous sommes en attente de l’adoption en Conseil des ministres », souligne-t-il.
En 2021, le gouvernement du Mali a élaboré une loi sur l’interdiction de la détention, la production et la commercialisation de sachets plastiques non bio dégradables. Mais la mesure peine à être appliquer. Laissant place à la gestion linéaire des déchets : collecte, acheminement vers une décharge finale où les déchets sont enfouis dans des conditions inadéquates.
Cet article a été publié avec le soutien de l’ONG Mali-Folkecenter Nyetaa à travers le projet Innov-ReC