La pandémie de Covid-19, qui secoue le monde, se trouve malheureusement à nos portes. Si à ce jour aucun cas n’a été signalé officiellement dans le pays, les autorités sont à pied d’œuvre pour rassurer les populations partagées entre incivisme et pessimisme. La menace plane et notre pays est cerné, selon le blogueur et analyste politique Mohamed Ag Assory.
Les mesures prises lors du Conseil supérieur de la défense nationale peinent à être respectées par les citoyens, et surtout à convaincre sur les capacités réelles de notre pays à faire face à la maladie. La prorogation des autorisations d’entrée pour les vols commerciaux a apporté, la semaine dernière, de l’eau au moulin de ceux qui sont sceptiques quant à l’application stricte des mesures énoncées et vis-à-vis de la capacité du gouvernement à faire face à la pandémie, qui a mis à rude épreuve des pays pourtant dotés de systèmes de santé solides.
Les autorités ont également du mal à faire respecter d’autres mesures comme la fermeture de certains lieux d’attroupements tels les bars, les cérémonies de mariage, les meetings de campagnes électorales, etc. Souvent, il aura fallu l’intervention musclée des forces de l’ordre pour mettre au pas certains teigneux « indisciplinés ».
Dans un autre contexte, la non interdiction des prières collectives dans les mosquées et églises a fait couler beaucoup d’encres et de salives aussi bien sur la toile que dans les « grins » de la capitale. Certains y voient un aveu d’impuissance des autorités face aux puissants religieux. D’autres, par contre, estiment qu’il est assez tôt pour mettre en œuvre ce type de mesures.
Inquiétude et résignation
De façon générale, les Maliens sont partagés entre inquiétude et résignation. Sur le marché, les produits de prévention tels que les gels hydro-alcooliques, les masques ont connu une augmentation de prix vertigineuse. Dans certaines pharmacies, il y a une rupture des stocks des équipements de protection individuelle. Qu’en sera-t-il dans l’éventualité de la confirmation d’un cas sur le territoire ?
Au chapitre de l’incivisme caractérisé, beaucoup de « fake news » circulent sur les réseaux sociaux, notamment WhatsApp. Cette boulimie du buzz continue de créer la psychose au sein de la population dans l’indifférence des autorités en charge de veiller sur les moyens de communication. Beaucoup de Maliens continuent à perpétuer les comportements sociaux qui sont pourtant déconseillés, comme les contacts personnels, le partage des verres de thé, etc.
Les législatives coûte que coûte ?
Si les autorités se veulent rassurantes dans leur communication, les faits sur le terrain prouvent le contraire. Par exemple, dans la capitale, seuls 20 lits isolés et une vingtaine de respirateurs sont disponibles. Ajoutons à cela 2000 kits de tests (dont 200 à 500 seraient déjà utilisés à des fins de vérification des cas suspects). Rassurant ?
Enfin, un fort sentiment de manque de confiance dans les communications des autorités refait surface. Certains, les plus radicaux, estiment que les autorités cacheraient les informations sur des cas avérés et que le pays ne saurait rester avec un chiffre de zéro cas confirmé. Ces derniers motivent cette théorie par la volonté des autorités d’organiser coûte que coûte les élections législatives prévues ce 29 mars 2020.