C’est bien sur la base de son programme politique qu’on devrait juger un candidat aux élections. Celui-ci n’aura cependant aucune utilité si l’électorat, auquel il est destiné, ne se l’approprie et n’en tire pas profit pour procéder à des choix éclairés. Il faut, dès lors, cultiver l’amour de la lecture des programmes politiques de candidats aux élections chez les citoyens maliens à l’école.
Sous les appellations « programme politique », « projet politique », ou « choix de société », un candidat aux élections se confie à ses concitoyens. Une fois élu, il s’engage à mettre en œuvre, au cours du mandat à lui confié, un ensemble de mesures politiques dressées dans un document diffusé au sein de la population. C’est donc sur la base d’un programme politique qu’un électeur devrait se décider à voter pour un candidat.
Nos hommes politiques ont été assez critiqués parce qu’ils ne se fixaient pas d’orientations, de cap. Ils n’allaient pas vers l’électorat avec des idées solides, fiables et convaincantes qu’il n’aura d’autre choix que de mettre en œuvre. Le peuple et ses représentants disposant désormais de la latitude, à travers un document, de lui rappeler ses engagements.
Maturité politique et contrôle citoyen
Au Mali, les candidats aux élections, du moins présidentielles, présentent désormais des programmes politiques à leurs concitoyens. En allant au plus près des Maliens, disent-ils, ils parviennent à recenser leurs avis, besoins et préoccupations. Ensuite, au sein de son parti, une équipe d’ « experts » se réunit autour du candidat pour réfléchir sur les différentes solutions à mettre en œuvre face aux problèmes du pays.
Les hommes politiques maliens ont sur quoi être jugés. Le programme politique qu’ils présentent aux citoyens est-il fiable ? Les actions déclinées peuvent-elles être mises en œuvre ? Les concitoyens ont la possibilité d’en juger à travers son programme politique. Mieux encore, s’il venait à être élu, les citoyens peuvent désormais suivre un candidat dans la mise en œuvre des engagements pris dans son programme. Mais, les différents candidats aux élections ont beau élaboré un programme à l’intention des électeurs, si ceux-ci ne connaissent pas son utilité ou n’en tirent pas profit, on n’aurait pas du tout évolué dans notre quête de maturité politique et de contrôle citoyen.
Manque de culture politique
L’esprit civique s’inculque à l’école. Déjà, avec des modules d’enseignement en Education civique et morale (ECM) dispensés jusqu’en classe de terminale de l’enseignement secondaire, il est possible d’amener des futurs électeurs à développer des aptitudes inhérentes à la lecture des programmes politiques. Il faut enseigner aux apprenants l’utilité d’un programme politique, sa composition, sur quels critères l’analyser. Avec tous les avantages du progrès technologique, il faut inviter les élèves à mieux approfondir leurs recherches sur des concepts qu’ils ne pourraient appréhender dans le projet politique d’un candidat.
L’électeur doit savoir où un candidat, une fois élu, souhaite mener son pays. Et c’est à travers son programme que l’homme politique se fixe, à lui ainsi qu’à ses concitoyens, une orientation claire et précise. Et le cadre scolaire se présente comme approprié pour former des citoyens éclairés, peu influençables par des discours politiques sans consistance. Rien ne fait peur à un dirigeant qu’un peuple éveillé, soucieux de l’avenir de son pays.
Nous avons déjà une génération de Maliens, si j’ose dire, qui souffrent et font souffrir le pays par leur manque de culture politique. Il faut changer les choses et réussir grâce à l’effet de scolarisation, à bâtir des citoyens éclairés, préparés à faire des choix citoyens justes et utiles pour leur pays.