Des femmes évoluant dans le secteur des arts ne sont pas épargnées par les conséquences néfastes de la pandémie de Covid-19. Certaines, qui ont renvoyé des projets aux calendes grecques, essayent de s’adapter en attendant la réprise des activités.
La culture est l’un des secteurs où évoluent beaucoup de femmes au Mali. Elles sont réalisatrices, productrices audiovisuelles, dramaturges, metteures en scène, actrices, comédiennes, danseuses… La crise sanitaire que traverse le monde actuellement n’est pas sans conséquences sur le domaine artistique, l’un des plus affectés au Mali. Beaucoup d’intervenantes ont été contraintes au chômage technique, même si certaines tentent de s’en sortir autrement.
« La pandémie a énormément impacté mes activités. Financièrement, ça ne va pas », confie Inaïssa Touré, actrice-comédienne. Avant de poursuivre : « Au Mali, il y a très peu d’artistes qui vivent de leur métier. Je gagnais plus d’argent dans ce métier grâce à mes activités à l’étranger, notamment des résidences de création. Mais la fermeture des frontières a mis à l’arrêt mes activités. »
Des opportunités ratées
Qui parle d’art, parle de regroupement et de partage. La production cinématographe et théâtrale est un travail d’équipe tout comme sa diffusion, qui se passe généralement en salle de projection ou de spectacles. Avec la pandémie de Covid-19 et les mesures préventives pour limiter sa propagation, toutes ces activités sont à l’arrêt. Salimata Tapily, scénariste, réalisatrice de films et script est la promotrice de la société de production audiovisuelle Bandiaprod. Elle déplore l’arrêt des tournages de films avec l’irruption de la Covid-19. « On étaient en plein préparatifs de tournage quand nous avons appris l’interdiction des rassemblements. Donc, plus possible de faire un tournage car une création artistique nécessite un regroupement », regrette la jeune artiste.
Pour Viviane Mina Sidibé, actrice de cinéma, les impacts négatifs de la Covid-19 sont considérables. « L’irruption de la Covid-19 a créé une difficulté financière sans précédent. Actuellement, je n’ai aucune entrée financière », déplore celle qui a dû renvoyer aux calendes grecques ses projets.
« J’ai perdu au moins une trentaine de dates dans le cadre d’une tournée et deux résidences de création hors du Mali. De très belles opportunités que j’ai ratées », confie Bibata Ibrahim Maïga, une jeune danseuse. Bibata Maïga comptait sur cette tournée internationale pour construire un centre de formation en danse au profit des « enfants de la rue » à Siby, dans le Mandé.
Ne pas rester les bras croisés
Cependant, ces femmes ne sont pas restées les bras croisés. En attendant la reprise de leurs activités, certaines profitent de ce repos «obligé» pour s’entrainer, créer, écrire des scenarios ou partager leurs expériences via les réseaux sociaux.
D’autres, par contre, se sont engagées dans la lutte contre la Covid-19 auprès des ONG. C’est le cas de Salimata Tapily, qui confie avoir réalisé «12 vidéos de court métrage dans 11 langues du Mali et en français » dans le cadre de la sensibilisation contre le coronavirus en partenariat avec une ONG.
Comme alternative, Inaïssa, elle, a décidé de se lancer dans un petit commerce en ligne. « Je vends des chemises et des boubous pour hommes faits à base de nos tissus locaux. Cela m’aide un peu financièrement en attendant la reprise des activités », se console la jeune comédienne.