Mopti : poussée de la vague anti-Minusma
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Mopti : poussée de la vague anti-Minusma

Le moins que l’on puisse dire, la Minusma n’est plus en odeur de sainteté auprès des populations de Mopti, dans le centre du Mali, qui ne cessent d’appeler à son départ. Un pas vient d’être franchi dans l’hostilité envers la mission onusienne.

Décidément, cette semaine ouvre une nouvelle ère entre la population de Sévaré, à Mopti, et les casques bleus de la mission onusienne (Minusma). Depuis quelques mois, cette mission soit faire face à des appels à quitter le territoire de la part de manifestants dans la région de Mopti, qui dénoncent son « inefficacité », selon certains, face à la montée de la violence.

La jeunesse de Mopti et de Bandiagara ont montré des signes de mécontentement en tentant même de s’en prendre aux casques bleus. Ainsi, le 9 octobre dernier, au cours d’une marche à l’appel de la plateforme Fasoko, réunissant des regroupements de la société civile, des manifestants ont demandé le départ des troupes étrangères.

Le vendredi 11 octobre, des épouses de militaires appelés à être déployés à Boulikessi, où un camp de militaires maliens a été attaqué, faisant plus de 30 morts, ont manifesté. Elles ont voulu barrer la route au convoi du Premier ministre, Boubou Cissé, venu lancer une opération de désarmement dans la région. Les femmes ont exprimé leur désapprobation des dernières décisions du commandement militaire. En voulant s’opposer au départ de leurs maris au front, elles ont entraîné dans leur sillage les enfants et les jeunes du camp. Les regroupements ont continué jusqu’à tard dans la nuit, à Sévaré.

Pillage des entrepôts

Et, ce samedi matin, 12 octobre, aux environs de 10 h, rebelote. Des regroupements de jeunes ont tenté de s’en prendre aux forces onusiennes en saccageant des entrepôts contenant des biens mobiliers du personnel. Les pillages ont commencé vers 11 heures, selon des témoins. On pouvait apercevoir des civils venus à moto ou à pieds, pour prendre, qui des matelas, qui des cartons sur la tête. Les jeunes ont brûlé les pneus et coupé certains axes routiers de la ville. Les scènes de pillages et de vandalisme ont continué jusqu’à la mini-journée.

Des actes que le gouvernement malien, dans son communiqué, a condamné tout en assurant que des « investigations (seraient) menées pour rechercher et traduire les auteurs devant les juridictions compétentes ». Le gouverneur de la région a ainsi décidé d’instaurer un couvre-feu à Sévaré de 18 h à 6 h du matin, jusqu’au 20 octobre.

De son côté, la force onusienne a appelé « au calme et à la retenue ». Dans son communiqué, elle précise que « plusieurs dizaines de containers de stockage de la Minusma situés à l’extérieur du camp ont été ciblés ». Avant d’ajouter : « Les manifestants ont dérobé du matériel logistique et de construction. D’autres se sont mis en danger aux alentours de citernes de carburant qui, heureusement, n’ont pas explosé malgré la proximité d’un camion qui a brûlé », déplore le communiqué.

La population se désolidarise

Tout cela arrive dans un contexte caractérisé par ce que certains appellent « une montée du sentiment anti-Minusma » qui, après Bandiagara, a déferlé le mercredi 9 octobre, lorsque des centaines de manifestants avaient répondu à l’appel de la plateforme Fasoko. Contacté par Benbere, Ibrahim Soumbounou, porte-parole de la plate-forme, a fait savoir son mécontentement par rapport aux actes de pillage : « Nous avons toujours manifesté pacifiquement, nous ne sommes ni de près, ni de loin mêlé à ces actes de pillages que nous condamnons fermement. » Son président, Malamine Coulibaly, dénonce pour sa part des « actes illégitimes et anormaux qui déshonorent non seulement la région de Mopti, mais également le Mali ».

Si certains tentent de justifier les manifestations contre la Minusma, ils sont opposés aux actes de pillages. « Je peux très bien comprendre les actes de ces jeunes, explique un enseignant d’un ton révoltant. En s’en prenant au confort de ces gens, ils vont comprendre qu’ils sont venus pour protéger les civils et non pour se pavaner dans les rues de Sévaré.»

À l’heure actuelle, aucun bilan chiffré des dégâts matériels n’est disponible. Mais les scènes de pillages d’aujourd’hui risquent de compliquer davantage la cohabitation déjà difficile entre les casques bleues et la population. Les autorités maliennes doivent prendre des décisions rapides par rapport aux événements survenus à Sévaré avant que la situation ne se durcisse. Au moment où les partenaires s’interrogent sur la pertinence d’une telle mission au Mali, de par son coût élevé, la perte en vie humaine et son manque de résultat, si nous, Maliens, n’arrivons pas à accepter sa présence, son départ sera inéluctable.

 

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