Au Mali, le rap est très en vogue mais il n’est pas assez vivant. Les jeunes rappeurs et consommateurs de cette musique se comptent par milliers. Cependant, peu savent faire du live. Une situation que Open Mic veut changer.
« Les rappeurs maliens ne savent pas faire du live, c’est pourquoi je ne les respecte pas », a martelé un jour un ami au « grin ». Il a cependant pris la peine de souligner qu’il ne parlait pas de tous les rappeurs, mais plutôt de quelques-uns de la nouvelle génération. « Les anciens comme King Massassy, Amkoullel ou encore le groupe Tata Pound connaissent son importance. Les plus jeunes, malheureusement, ne s’y intéressent point. Et c’est triste. »
En Afrique de l’Ouest, le Mali fait partie de l’un des pays où la musique hip-hop est très consommée. Beaucoup de jeunes maliens font du rap et ils arrivent à s’imposer sur la scène nationale et internationale. Mais très peu d’entre eux arrivent à faire du live quand ils sont en concert.
Émotion
Les concerts de rap au Mali attirent du monde. Sur scène, les artistes revisitent leurs répertoires en playback. Ils interprètent quelques morceaux, insistant sur un morceau particulier que le disc-jockey répète plusieurs fois. Quelques rares fois, on assiste à du semi-live ou du live mais avec les mêmes artistes : Mylmo, Fouken J, Ramsès Damarifa, Dr Keb.
Master Soumy fait partie des rares artistes qui ne font que du live lors de leurs prestations. Pour lui, le live est plus vivant et il crée plus d’émotions entre l’artiste et ses admirateurs : « Je fais du live depuis 2007. Pour moi, lorsqu’on a une certaine crédibilité dans le mouvement, il faut arrêter de faire du playback. Ce n’est pas digne d’un artiste, un vrai. »
Promouvoir le live
C’est justement dans l’optique de promouvoir le live et d’encourager les jeunes rappeurs dans cette voie que Diop el Pacifico, El hadj Amadou Diop de son vrai nom, un acteur connu dans le monde de la culture urbaine au Mali, a initié Open Mic : un rendez-vous hebdomadaire qui permet aux jeunes adeptes de cette musique de voir des rappeurs en live tous les dimanches à l’espace culturel Blonba.
Le terme d’open mic renvoie, dans le mouvement du rap, à un évènement qui ressemble à une scène ouverte. « Le micro y est disponible pour toute personne désirant interpréter quelques morceaux ou quelques couplets, moyennant généralement l’inscription préalable sur une liste ou le paiement d’un droit quelconque », explique Séverin Guillard.
L’initiative est née de deux constats : d’abord, le manque d’animation hebdomadaire autour du rap , y compris de cadres de débats ; ensuite, le fait que les spectacles de rap au Mali sont pauvres. « Parmi ceux qui s’adonnent au live, très peu maitrisent. On espère, avec Open Mic, promouvoir le live dans la culture urbaine au Mali », explique l’initiateur.
Comme du vélo
Certains ne réussissent pas en osant, car ils manquent de base. Oui, le live c’est comme du vélo, ça s’apprend. Mais le fait de ne pas assurer dans ses débuts ne devrait pas être un motif pour arrêter. C’est comme dans tous les domaines, on apprend de ses erreurs.
Master Soumy estime que les fans et les organisateurs de spectacles sont en partie responsables du fait que certains rappeurs ne font pas de live. « Les fans et les organisateurs doivent être plus exigeants. »
Je suis prêt pour faire live