Sahel : une « coalition citoyenne » pour la lutte antiterroriste
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Sahel : une « coalition citoyenne » pour la lutte antiterroriste

Des organisations de la société civile lancent une « coalition citoyenne », qui estime que la lutte contre le terrorisme au Sahel requiert d’autres types d’intervention que celle uniquement militaire. 

Conscientes des difficultés de résoudre la crise qui secoue le Sahel uniquement par les actions militaires, des organisations de la société civile lancent la « Coalition citoyenne pour le Sahel ». Elle est constituée d’un noyau central d’une vingtaine d’organisations sahéliennes, principalement du Burkina Faso, du Mali et du Niger.

Cette coalition entend apporter son expertise pour qu’enfin la réussite de la lutte contre le terrorisme au Sahel soit mesurée à l’aune de la sécurité humaine et non du nombre de terroristes « neutralisés ».

L’échec du tout militaire

En se référant au dernier sommet du G5 Sahel en juin dernier à Nouakchott, en Mauritanie, le coordinateur du programme conjoint Association malienne des droits de l’homme (AMDH)/Fédération internationale pour les droits humains(FIDH), Drissa Traoré, a expliqué que les avancées et succès annoncés récemment dans la lutte contre les groupes armés terroristes au Sahel « sont en décalage avec la réalité que sur le terrain ». 

En 2013, une campagne militaire franco-africaine était lancée pour libérer les régions du nord du Mali de l’occupation djihadiste. Depuis, la menace terroriste a débordé des frontières du Mali pour affecter les autres voisins.  Si cette intervention a cassé la mosaïque djihadiste (AQMI, Ansardine, MUJAO) qui écumait cette partie du Mali, les groupes se sont reconfigurés, donnant l’impression d’être « partis pour rester ». 

De plus en plus, la réponse militaire est présentée par de nombreux observateurs comme ayant montré ses limites dans la lutte antiterroriste. La crise au Sahel est multidimensionnelle et requiert de ce fait d’autres types d’intervention que celle militaire. « La sécurité doit aller au-delà de la dimension militaire. Il faut une sécurité politique, la sécurité en matière de droit civique, la sécurité alimentaire. C’est une approche beaucoup plus large qui nous parait particulièrement adaptée pour répondre aujourd’hui à la problématique de l’insécurité au Sahel », ajoute Niagalé Bagayoko, présidente du groupe de réflexion Africa Security Sector Network.

Une approche holistique 

Pour asseoir leur légitimité auprès des populations, les groupes extrémistes violents se sont substitués à l’État dans certaines localités sous leur contrôle où ils règlent même les différends, notamment en appliquant la charia. Ainsi, la nouvelle Coalition pour le Sahel, composée des acteurs de la société civile en contact permanent avec les populations, entend proposer une approche totalement inclusive aux partenaires nationaux et internationaux pour une réponse endogène à la crise au Sahel.

La situation sécuritaire est en régression malgré la présence d’une multitude d’acteurs militaires. Elle affecte d’autres domaines, notamment l’éducation, rendant ainsi les populations de plus en plus vulnérables. Les populations civiles continuent de paye le lourd tribut dans un contexte d’intensification des conflits locaux sur fond d’émergence de milices créées sur des bases communautaires. A cela, vient s’ajouter le phénomène de la criminalité organisée transnationale

La coalition pour le Sahel propose une approche holistique : s’attaquer aux causes profondes de la crise et de façon transversale. Aujourd’hui, les États du Sahel et leurs partenaires dans la lutte contre l’insécurité sont dans l’impasse. Sortir d’une approche uniquement musclée dans la résolution de la crise pour aller vers l’inclusivité est l’unique voie vers le retour de la stabilité. 

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