Après l’attaque de Sokolo, qui a couté la vie à une vingtaine de soldats maliens, la twittosphère est partagée entre indignation et résignation. Alors que le gouvernement malien tente d’ouvrir un dialogue avec le leadership des groupes, notamment Iyad Ag Ghaly et Hamadoun Kouffa.
La célébration de la fête de l’armée, le 20 janvier, est tombée vite aux oubliettes en raison des attaques violentes dans la même semaine contre les militaires dans les régions du Centre (Ségou, Mopti). La dernière, en date du 26 janvier 2020, a visé un camp de la gendarmerie à Sokolo, situé dans le cercle de Niono (Ségou), à 85 kilomètres de la frontière mauritanienne. Dans cette zone, opère notamment la Katiba Macina, dirigé par le prêcheur radical Hamadoun Kouffa, membre de la coalition djihadiste Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM).
Les #FAMa ont vécu une chaude journée du 23 janvier 2020 au centre du pays.
Ainsi dans la même journée, elles ont déploré 7 morts à #Dioungani suite à une attaque, 3 morts à #Boré suite à une attaque et 1 mort à #Boulkessy suite à un incident #EEI. pic.twitter.com/zHYp9dSon9— Forces Armées Maliennes (@FAMa_DIRPA) January 24, 2020
Le dernier bilan officiel, annoncé par le gouvernement malien, fait état de 20 morts. Ce que le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), qui a revendiqué l’attaque, n’a pas démenti. Le groupe djihadiste a aussi annoncé la capture de trois soldats maliens et la prise de matériels militaires dont des véhicules.
#Mali:le #JNIM revendique l’attaque de #Sokolo et affirme que plus de 20 soldats ont été tués et 3 capturés,9 véhicules récupérés et une quantité importante d’armes et des munitions
Le #JNIM reconnaît la mort de 3 jihadistes dans l’attaque #Sahel https://t.co/RDLaOVZGpL pic.twitter.com/kI90pOY8xn— Sidi Kounta (@sidikounta7) January 27, 2020
Le commandant du camp militaire de Sokolo, le capitaine Harouna Sangaré, est tombé. Cet acte de bravoure est beaucoup salué par les internautes, qui lui rendent un hommage appuyé.
#Sokolo : C’étaient les meilleurs d’entre nous !
Le camp était dirigé par le Capitaine Harouna SANGARÉ (major de promotion) ! Le #Mali ne compte qu’environ 5 000 gendarmes (contre 180 000 en Algérie par exemple) ! En clair : osons être un état fort et faisons le ménage. pic.twitter.com/oE9TUmi1vV— Séga DIARRAH (@segadiarrah) January 26, 2020
Capitaine Harouna Sangaré le commandant du camp de #sokolo, mort sur le champ de bataille. Je présente mes sincères condoléances à sa famille et prie que son âme demeure éternelle au paradis. 🇲🇱
Dors en paix pic.twitter.com/VNhJ7zgy8L
— Sangaré Bourama (@sangareke) January 27, 2020
Les internautes sont partagés entre indignation et résignation. En général, sur les réseaux sociaux, les Maliens rendent hommage aux militaires tués dans les attaques. Mais, au-delà de la communion, le constat qui se dégage est que tout le monde semble dépassé par la montée des violences.
Le gouvernement, comme d’habitude, a fait un communiqué lapidaire en confirmant la disparition d’une vingtaine de soldats à Sokolo. Le compte Twitter de la présidence de la République et celui du gouvernement sont restés muets. Pire, ce sont les images des cérémonies de décoration qui ont continué à voler la vedette à l’attaque. Le dimanche, un Conseil de défense s’est tenu, présidé par le chef de l’État, Ibrahim Boubacar Keïta.
Koulouba | 24 janvier 2020
Cérémonie de remise de décoration présidée par le Président de la République, Chef de l’Etat, Grand Maître des Ordres Nationaux, SEM Ibrahim Boubacar Keita. pic.twitter.com/6x8eV9Vero— Presidence Mali (@PresidenceMali) January 24, 2020
Les terroristes exposent leur butin pendant que l’ORTM diffuse la décoration du ministre de la sécurité. Le Mali avance avc ibk
— Bebich Ag (@AgBebich) January 26, 2020
Un pays en pleine guerre, des cérémonies de distribution de décorations à des citoyens loin du théâtre des opérations, au moment où ceux qui se battent pour la défense de la patrie sont superbement ignorés. Mon Dieu, comment faire pour arrêter la décadence de mon beau pays?
— Adama KONATE (@adamako111) January 27, 2020
Des internautes citent parfois les différentes mesures misent en place pour contrer ces attaques, ou encore les changements effectués dans la hiérarchie militaire qui n’ont rien donné en termes de résultats.
Attaque de #Sokolo au Mali. Les autorités maliennes ont-elles tout essayé depuis 2013 ? 6 Mindef (civils et militaires), 4 CEMA, LOPM, 22% du budget pour l’armée, création du CNS, interdiction des motos, replis tactiques etc…Il manque toujours quelque chose… pic.twitter.com/19ze7Q3s4c
— Boubacar S Traoré (@Boubasalif) January 26, 2020
#Mali : Sommes-nous en train de perdre la guerre ? Allons-nous capituler ? Est-ce la fin du Mali ? pic.twitter.com/j5BfsCWwIO
— Mamadou Ismaila KONATE (@vieuxmko) January 26, 2020
Ces attaques interviennent alors que le Haut représentant du Président de la République pour le Centre, Pr Dioncounda Traoré, a annoncé l’envoi d’émissaires pour rencontrer Iyad Ag Ghaly et Hamadoun Kouffa.
L’ex-président Dioncounda Traoré nommé représentant pour le centre entame une négociation avec les chefs « djihadiste » Iyad Ag Ghaly et Amadou Kouffa.#Mali
— ibrahim Ⓜ (@sysawane) January 26, 2020
Cette décision fait écho aux voix qui, depuis plusieurs années, n’ont cessé d’appeler à ouvrir des négociations avec le leadership de ces mouvements dans un contexte où le jihad a de plus en plus, selon une formule célèbre, « un visage local » et l’option militaire n’a pas de lendemain.
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