22 septembre : les pirogues de Mopti émergent des eaux sombres du djihadisme
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22 septembre : les pirogues de Mopti émergent des eaux sombres du djihadisme

Les « Mopticiens » ne sont pas près d’oublier ce 22 septembre 2019. Comme un peu partout dans le pays, cette fête nationale y est célébrée. Mais ici, c’est à travers la course de pirogue.

Mopti, dimanche 22 septembre. Il est 9h. Au quai du bateau Kankou Moussa ainsi que tout le long du fleuve s’agitent des paquets humains, surexcités, impatients de voir les piroguiers en compétition engagés dans la course les efforts de longs mois de préparation, d’entraînement.

A Mopti, la course de pirogue est le point d’orgue des activités de la célébration du 22 septembre, date anniversaire de l’indépendance du pays. L’édition de la course de 2019 avait un goût particulier. De fait, après neuf ans de stand-by à cause de la menace djihadiste, la course reprend ses droits cette année.

Menace djihadiste

« Tous les villages n’ont pu faire le déplacement à cause des djihadistes », lance Mama Kanita, un inconditionnel de la course. Dans la région de Mopti, la menace djihadiste plane toujours sur plusieurs villages. Selon certains témoignages, les villages absents ont été menacés de représailles par les djihadistes s’ils participaient à la course.

Les joueurs sont dans les starting blocks. Des dizaines de pirogues sur lesquelles sont embarquées des baffles diffusant de la musique s’étendent sur le fleuve à perte de vue. Les différentes couleurs et motifs peints sur les pirogues donnent l’impression de voir une œuvre multicolore à nulle autre pareille que jalouserait sans doute Léonard de Vinci.

Parades

Ils sont quatre équipes au départ. Le principe est simple : le premier qui fait deux tours d’un point A à un point B et arrive à récupérer le drapeau au pied de la tribune officielle où avaient pris place les autorités politiques et religieuses est déclaré vainqueur. Un coup de fusil donne le départ.

A l’arrivée, c’est l’équipe du village de Djenekadaga qui remporte la victoire. Après le retrait des officiels, les victorieux du jour se sont livrés à toutes sortes de parades sur l’eau avec leurs supporteurs venus nombreux pour la circonstance. Des scènes qui émerveilleraient les artistes du Cirque du Soleil.

Renaissance

Depuis les festivités du cinquantenaire de l’indépendance en 2010, l’insécurité qui secoue la région n’a pas permis d’organiser la course. Celle d’aujourd’hui est vécue pour beaucoup comme une renaissance, un début de sortie de crise. « On a l’impression d’avoir retrouvé ce qui nous a été volé », confie Sidi, un habitant de Mopti, tout émerveillé

Cette course est une véritable richesse culturelle de la région. « C’est une identité de Mopti », renchérit un jeune issu de la communauté bozo, qui espère de tout cœur qu’elle ne s’arrêtera jamais dorénavant.

Personnellement, je pense que tout doit être fait pour le maintien du rythme d’organisation de cette course. L’État doit en être garant, quitte à aller chercher les villages réticents et les rassurer en les sécurisant pour que cette manifestation continue. Il faut le faire. Le jeu en vaut la chandelle.

Par ailleurs, j’invite les Maliens à venir suivre cette course, car c’est un événement à vivre. À défaut du tourisme international, il faut développer le tourisme local pour permettre aux acteurs de ce secteur de vivre de leur travail.

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