#DjanwKaoural : le « ton » à Djenné, un instrument de cohésion sociale
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#DjanwKaoural : le « ton » à Djenné, un instrument de cohésion sociale

Le « ton » joue un grand rôle dans le maintien de la cohésion sociale et la solidarité entre les différentes communautés à Djenné.

A Djenné, les cérémonies sociales – à savoir le baptême, les mariages – permettent de mettre en valeur des pratiques qui favorisent le vivre-ensemble. Lors de la célébration des mariages, il n’est pas rare de voir des hommes et des femmes, de la même classe d’âge, se réunir autour d’une pratique « traditionnelle » pour garder la cohésion au sein du groupe.

Depuis des années, le « ton » est devenu une référence en la matière. Malgré cette crise multiforme, qui est en train de mettre en péril le tissu social, les habitants de Djenné essayent de ramener la paix à travers la culture.

Cousinage à plaisanterie

Pour la cohésion sociale, il y a des pratiques qui restent d’actualité et qui peuvent soutenir notre vivre-ensemble. Le « ton » fait partie de ces pratiques qui n’ont pas disparu. Le « ton » est une pratique très ancienne à Djenné. Nous n’avons pas pu remonter à la date exacte de sa création. C’est un regroupement sous forme de cousinage à plaisanterie, bâti sur des règles et des codes que les initiés sont tenus de respecter. Chaque quartier de la ville a son « ton » ; il y en a aussi pour certaines familles.

« Le ton est toujours en cours dans notre ville, surtout lors des mariages. Son objectif, c’est de garder la cohésion et la solidarité au sein du groupe. Les jeunes mariés profitent de cette solidarité pour apprendre beaucoup de choses dans leur chambre nuptiale », explique Amadou Baba Coulibaly, membre d’un ton.

Les règles du « ton »

Il est 15 heures. Les jeunes arrivent au compte-gouttes dans le vestibule de la famille Cissé. Vers 16 h, le vestibule est rempli de monde. C’est l’heure du « ton ». Ce sont plus d’une trentaine de personnes réunies sous le leadership d’un chef, « Almir Bèr », qui coordonne l’ensemble des activités avec trois autres personnes, les deux juges : ( Almir et Alkhali) et le porte-parole.

La règle est simple : les membres du « ton » s’interpellent devant les juges. Celui qui interpelle a toujours raison sur l’interpellé, avec la complicité de juges qui annoncent les sanctions. Les causes de l’interpellation sont diverses. C’est un mélange du réel et de la plaisanterie. Le but : consolider l’entente au sein du groupe à travers le divertissement.

« Les sanctions sont symboliques, comprises entre 25 et 100 F CFA. A la fin du ton, l’argent collecté sert à préparer un repas collectif », fait-il remarquer.

L’entraide

Parmi les règles, le nouveau marié et son coordinateur bénéficient de l’immunité : ils ne peuvent être interpellés devant les juges. Cette pratique va au-delà même de la ville de Djenné. Les ressortissants de la ville, qui ne résident pas sur place, peuvent aussi bénéficier des apports du « ton » lorsqu’ils décident de se marier à Djenné. Ceux qui ne participent pas aux activités du « ton » écopent d’amendes allant jusqu’à 50 000 F CFA.

Toutes les communautés de la ville de Djenné ont cette pratique en partage. C’est un bon moment de retrouvailles entre les différentes communautés : Bozo, Sonrhaï, Peul, Bamaman, etc.

« Le ton permet de pousser les jeunes à participer aux évènements sociaux. Il permet aussi de cultiver l’esprit d’entraide entre les jeunes d’une même classe d’âge. Chez nous, chacun appartient à un ton, soit en famille ou au quartier », témoigne Hasseye Touré, un ressortissant de Djenné qui vit à Mopti.

 

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