Le prix de la viande a connu une hausse à Kayes, où les principaux marchés à bétail connaissent une forte baisse d’approvisionnement à cause de la pandémie de la Covid-19.
Dans ce parc à bétail situé au cœur du quartier de Kayes N’di, marchands, éleveurs et consommateurs sont tourmentés. Le centre, qui est l’un des plus importants points d’approvisionnement de la ville, peine à faire face à la forte demande en cette période de ramadan.
« De 300 têtes de bœuf par semaine, nous sommes à 20 aujourd’hui », déplore Makan Dramera, président de la Fédération des marchands et éleveurs de Kayes. « Les marchés extérieurs d’approvisionnement connaissent une flambée des prix. Un bœuf qu’on achetait à 200 000 francs CFA est aujourd’hui vendu à 400 000 francs CFA. C’est une chaîne, quand un maillon est défectueux les conséquences se ressentent sur les autres », ajoute-t-il.
Impact de la Covid-19
Comme conséquence, le prix du kilogramme de viande est passé de 3 000 francs CFA à 3 500 francs CFA en l’espace de quelques jours. Si rien n’est fait d’ici l’hivernage, le kilo atteindra 5 000 francs CFA, prévient Makan Dramera.
Les responsables du secteur attribuent cette pénurie à la crise sanitaire liée à la Covid-19, qui a durement touché la filière bétail-viande, 3e pourvoyeur de devise du pays, après l’or et le coton. « On pouvait faire charger 15 à 20 camions chaque semaine à destination du Sénégal. Ce n’est plus possible aujourd’hui, car charger un seul camion par mois relève d’un parcours du combattant », affirme M. Makan Dramera.
Rareté du bétail
En plus de la rareté du bétail dans les parcs, la cherté de l’aliment bétail constitue une grosse épine dans le pied des éleveurs. « La tonne de l’aliment bétail est passée de 130 000 francs CFA à 200 000 francs CFA, un véritable handicap pour les petits éleveurs », regrette Kassim Dicko, éleveur à Kayes.
Face à cette hausse du prix de la viande, la société civile se dit impuissante et exprime son inquiétude. Des consultations sont menées pour trouver une solution au problème. « Nous avons rencontré les différents acteurs, mais les bouchers et les responsables de la fédération du bétail ont fait savoir que la seule issue possible en ce moment est la subvention de la viande par l’État. Et au regard du contexte actuel du pays, c’est un casse-tête », renchérit Mamadou Coulibaly, président du Conseil régional de la société civile de Kayes.
« La viande ne fait pas partie des produits subventionnés par l’État »
Du côté de la Direction régionale du commerce et de la concurrence, on assure que des négociations sont en cours pour obtenir un consensus. Mais « la viande ne fait pas partie des produits subventionnés par l’État en ce moment », précise le directeur.
Lors de notre passage à la Direction régionale des productions et des industries animales de Kayes, le lundi 26 avril, les responsables n’étaient pas disponibles pour se prononcer sur la question. De même, les bouchers que nous avons interrogés n’ont pas souhaité s’exprimer.
Dans cette situation, qui touche le panier de la ménagère, comment les populations feront la fête du ramadan si le prix de la viande ne baisse pas ? En attentant, les consommateurs de Kayes vont devoir prendre leur mal en patience et supporter le coût.