Le citoyen malien semble vivre comme un étranger dans son propre pays. Pour s’en rendre compte, il faut le voir devant certains agents des services publics. Qualité d’accueil et de prestation de services médiocre ! Parce qu’il n’a nulle part où se plaindre, le pauvre citoyen est déconsidéré par des agents censés pourtant être à son service.
Au Mali, beaucoup d’agents des services publics ne se soucient pas de la qualité du service qu’ils offrent aux citoyens. De toutes les façons, ils gagnent leur salaire comme il se doit à la fin du mois. Cela explique pourquoi accéder à une fonction dans les l’administration publique dans ce pays est signe de liberté et de confort. L’agent public n’est pas astreint à la performance dans le cadre de son travail. L’État employeur ne lui en fait point une exigence, sinon ne le contrôle pas assez.
Le citoyen ne peut pourtant pas se passer de son administration. Il n’a d’autre choix que de supporter le service qu’on lui offre, subir le sort qu’on lui réserve. Tout est fait pour frustrer le Malien et ce sont ces frustrations accumulées qui forment une bombe sociale. Au Mali, il est impératif de replacer le citoyen au cœur de son administration, le valoriser en améliorant considérablement la qualité des services publics qu’il reçoit au quotidien.
une innovation qui peut tout changer
Le système de notation, dont il est question ici, consiste à offrir la possibilité au citoyen d’évaluer l’agent public qui lui offre un service. Partout où il aura à s’adresser aux services de l’État, il faut permettre au citoyen bénéficiaire du service d’évaluer la qualité du service qui lui est rendu par l’agent public. « A travers un canevas de notation établi (de 1 à 10 ou à 20), l’agent doit être noté. Il sera soit sanctionné soit félicité pour son travail », propose un citoyen qui témoigne qu’il a été victime de mauvais accueil.
S’il attribue une mauvaise note à l’agent public, le citoyen doit s’expliquer et faire avancer les raisons. Et, objectivement, il sera demandé au chef de service d’apprécier en conséquence. S’il mérite la note qui lui est attribuée, l’agent doit connaître une diminution sur son salaire de fin du mois. Et ceci à chaque fois que le travail de l’agent sera déprécié. Le montant à soustraire sera naturellement préalablement défini. S’il est bien apprécié, pas de retrait sur le salaire dû.
Les pénalités (montant extrait sur les salaires) collectées seront renvoyées dans les caisses de l’État pour faire face à d’autres dépenses publiques.
Le prix de la performance
De cette façon, on arrivera à instaurer le crédo de la performance au travail chez le fonctionnaire malien. Tous ceux qui se refusent à exécuter correctement leur travail prendront conscience désormais de la menace sur leur salaire de fin du mois. Ainsi, l’effort de prise en charge du citoyen par l’agent public s’améliorera.
Il faut, à cet égard également, que l’État améliore qualitativement les conditions de travail des agents publics. « Il est difficile d’exiger une meilleure qualité dans le travail à un médecin qui se débrouille pour soigner des patients avec un plateau technique misérable ou à un enseignant, qui compte la centaine d’élèves dans une salle de classe où la simple craie pour écrire au tableau peut manquer des fois », déclare Bourama Sacko, enseignant.
Au Mali, ils sont nombreux les agents de l’administration publique qui servent au quotidien du mépris au Malien. Tout simplement, parce que le pauvre citoyen a toujours tort et n’a aucun pouvoir de sanction sur le fonctionnaire, tout censé être à son service. Cela doit changer !